Eloge de la faiblesse



Eloge de la faiblesse
Alexandre Jollien

Cerf, 2006

















Alexandre Jollien est handicapé moteur de naissance et a passé sa jeunesse dans une institution spécialisée. Son destin était de fabriquer des boîtes à cigare, mais il a lutté pour faire des études, de commerce puis de philosophie.

Il a choisi de présenter le récit de sa vie sous forme d'un dialogue avec Socrate. Il parle de ses camarades à l'instuitution, des éducateurs, du handicap, du regard des autres et de la place de la philosophie dans sa vie et son évolution.

Socrate
La pitié blesse plus que le mépris?
Alexandre
Oui, pas de pitié. (...) Chaque jour je rencontre ce regard condescendant qui croit me faire plaisir, peut être sincèrement, mais qui nie ma liberté et me nie ipso facto.
Socrate
En quoi la liberté te semble-t-elle niée par la pitié?
Alexandre
Je pense que le mépris est tonique, comme disait Balzac... En revanche, la pitié, par sa fadeur, anesthésie.

ou encore

Alexandre
Mon incapacité à atteindre une parfaite autonomie me montre quotidiennement la grandeur de l'homme. Au coeur de ma faiblesse, je peux donc apprécier le cadeau de la présence de l'autre, et à mon tour, j'essaie avec mes moyens de leur offrir mon humble et fragile présence.
L'individu faible ne représente pas nécessairement un poids pour l'autre. (...)
Socrate
La faiblesse peut devenir féconde, génératrice d'amitié. Est-ce bien ta pensée?
Alexandre
En théorie, mais la mettre en pratique reste difficile. c'est tout un travail, encore une fois. Assumer jusqu'au bout sa faiblesse demeure une lutte de tous les instants. Rien n'est acquis à jamais. Souvent nous sommes seuls dans cette entreprise et le regard des autres devient un frein à cette acceptation.

Avec sincérité, courage et dignité (et parfois humour) Alexandre se dévoile et nous questionne aussi. Un petit livre qui pousse à la réflexion et à la remise en cause de nos pensées et regards. Ainsi qu'à examiner sans peur nos propres faiblesses?

Merci à Theoma qui a déjà fait voyager ce livre chez Yueyin, il ira ensuite chez Lystig,

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Marie Il y a 3 ans

J'ai lu effectivement de bons billets concernant ce roman, mais j'hésite... C'est la forme, le choix de ce dialogue fictif avec Socrate qui me refroidit un peu...


A_girl_from_earth Il y a 3 ans

Original comme façon de communiquer sur son handicap. C'est un livre que je lirai, je n'en avais pas entendu parler.


Leiloona Il y a 3 ans

Je ne connaissais pas ce livre. La forme a le mérite d'être originale ! :)


yueyin Il y a 3 ans

C'est une belle découverte, je crois que je vais continuer avec cet auteur qui fait réfléchir, d'ailleurs je l'a déjà racheter pour l'offrir :-)


Theoma Il y a 3 ans

C'est un billet qui me touche bcp, merci Keisha ! Je suis contente qu'il t'ai plu. @ Yueyin : je suis également touchée que tu l'ai offert ;-)


Theoma Il y a 3 ans

Ceci n'ayant rien à voir avec cela : J'organise un nouveau challenge. Non ? Si ! Et je me suis permise d'y insérer les livres que les membres de la blogosphère souhaiteraient faire découvrir au
monde entier. Je souhaitais y insérer le tien mais je t'invite à venir jeter un oeil afin de comprendre à quel écueil je me suis confrontée ;-))


keisha Il y a 3 ans


@ Theoma
Voui voui je viens de voir dans mes réponses au tag "voir la liste de mes coups de coeur", et il n'y en pas pas (encore) de liste ... Nullissime!
Je me suis rachetée un peu en te donnant deux titres dans les commentaires chez toi. Je ne m'inscris pas mais je sais que je le ferai ce challenge... Oui, c'est grave!



Manu Il y a 3 ans

J'en avais déjà entendu parler. Le regard des gens sur le handicap me touche personnellement. Par contre, n'est-ce pas trop ardu cette conversation avec Socrate, avec tout son bagage de philosophe
?


keisha Il y a 3 ans


@ Manu
Sujet dificile et pourtant il vaut la peine de s'y pencher. Lecture assez aisée, avec ce choix d'un dialogue. Pas vraiment trop de philo, j'y suis arrivée!



zarline Il y a 3 ans

J'ai toujours hésité à lire ce livre car je connais plusieurs personnes qui ont travaillé dans l'institut où Jollien a passé son enfance. Ils m'ont dit avoir été blessés par ses commentaires.
Est-ce si critique que ça?


keisha Il y a 3 ans


@ zarline
Je n'ai plus le livre sous les yeux, mais il me semble que certains passages sur certaines personnes (jamais nommées ou reconnaissables je pense) ont pu blesser ces personnes. Le mieux serait
sans doute de lui en parler pour éclaircir les choses?
Quand il nomme des gens, c'est pour en parler avec chaleur!
Finalement je suppose qu'il donne son avis personnel.
Tu peux lire ce livre, Theoma le fait voyager.



Géraldine Il y a 3 ans

Ce livre est certainement très beau mais il doit demander bcp de concentration et de réflexion pour être pleinement apprécié. Et je n'en suis pas capable pour l'instant...


keisha Il y a 3 ans


@ Géraldine
Quelques passages demandent un peu plus de concentration, c'est exact. C'est sûr qu'il vaut mieux le lire au bon moment.
Bonne journée! (c'est la matin maintenant)




J'aime beaucoup l'œuvre de Jollien. Elle est très accessible, même à ceux que la philo pourrait rebuter a priori.
Si Jollien se base assez sur son vécu, et donc sur son handicap, il ne faut pas le restreindre à ça, ce serait très réducteur. C'est un penseur de talent, sachant communiquer sa pensée à autrui
avec facilité, laquelle pensée traite de nombreux sujets et non du seul handicap, bien qu'il soit plus présent dans ce titre que dans les deux autres (Le métier d'homme et La construction de soi)
que je conseille également.


keisha Il y a 3 ans


@ Hannibal le lecteur
Oh merci pour ces précisions! J'ai trouvé que cette présentation en dialogue facilitait la lecture.
Oui, il serait intéressant de lire ses autres textes. Pas question bien sûr de  "réduire" qui que ce soit à son handicap ou sa maladie...



Theoma Il y a 3 ans

Très intéressant et surtout nourrissant ces commentaires sur un livre que l'on fait voyager!
@ Zarline : j'ai travaillé plusieurs années avec des enfants et ados handicapés et même si je n'ai pas exercé dans l'institution en question, j'ai pris de plein fouet les remarques de l'auteur.
L'institution n'est pas visée, c'est la pratique du métier d'éducateur et de pédagogue qui fait l'objet d'une réflexion. Je comprends que l'on puisse se sentir blessé ou visé. Ayant eu la chance de
travailler "inside", je ne peux, avec grand regret, que confirmer la vision d'Alexandre Jollien. Nous parlons de plus en plus de "pratique réflexive" dans l'éducation. La remise en question est
saine et quel cadeau de pouvoir la vivre grâce à une personne qui connait intimement l'handicap et ses répercussions ;-)


keisha Il y a 3 ans


@ Theoma
Merci d'avoir répondu à Zarline, et à moi aussi d'avoir éclairé les choses.
C'est vrai qu'il est rare d'avoir l'avis aussi muri et construit de quelqu'un qui est passé dans ces institutions côté "handicapé".
Et c'est vrai qu'il est sain de se remettre en question dans son activité professionnelle, quelle qu'elle soit.




Brrr le dialogue avec Socrate me rappelle trop mes cours de philo en terminale, c'était atroce. Ou comment rendre barbant ce qui pourrait être intéressant ?


keisha Il y a 3 ans


@ Restling
En fait non, ici l'idée est bonne et le tout est fort digeste. C'est un livre voyageur de Theoma, si ça te dit.



l'or des chambres Il y a 2 ans


Je me suis permise de mettre un petit morceau de ton billet sur mon blog aujourd'hui. Il vient de sortir en poche et il va quitter très vite ma LAL pour ma PAL !!!



keisha Il y a 2 ans


@ l'or des chambres


Ah c'est sympa! Les lecteurs avaient vraiment aimé ce livre voyageur, à l'époque. Il en a ecrit d'autres aussi.


Bonnes lectures!



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